Le samedi 5 juin, le quartet Bump, composé de Pierangelo Crescenzio (elb), Yann Altermath (ts), Julien Revilloud (g) et Marc-Olivier Savoy (dm) rendait hommage sur la scène de Chorus à l’immense guitariste John Scofield.
Présentons d’abord les musiciens. Pierangelo Crescenzio, étudie à la Swiss Jazz School de Berne, à Los Angeles et au Conservatoire de Lausanne. Il a joué avec des artistes aussi divers que Fred Wesley, Mike Stern, Shanya Steele, Marc Broussard, Erik Truffaz, Mino Cinelu, ou The Broadway Company of New York. A l’EJMA de Lausanne, il est le doyen de la section basse, contrebasse et ateliers et enseigne la basse électrique. Il est le leader et compositeur de Mister PC, collectif à géométrie variable. Leader du groupe et natif de Neuchâtel, le saxophoniste Yann Altermath est professeur à l’Ecole jurassienne et Conservatoire de Delémont. En tant que sideman, il a participé à des projets variés tels que Moonraisers ou un album reggae avec le producteur et musicien jamaïcain Lee Scratch Perry. Son quartet Quartz remporte le Chrysler Jazz Award en 2003 lors du Montreux Jazz Festival. Guitariste et compositeur, Julien Revilloud obtient un master de la Haute Ecole des Arts de Berne et s’installe ensuite à Paris. A New York, il se perfectionne avec Wayne Krantz. En tournée, on le retrouve aux côtés de Roy Hargrove, Matthieu Michel, Samuel Blaser, Guillaume Perret, Vincent Peirani, Colin Vallon, mais aussi de Thierry Romanens, Marie-Thérèse Porchet, ou encore dans la revue de Cuche et Barbezat. Enfin, Marc-Olivier Savoy, né à Lausanne, termine ses études à l’Ecole de Jazz de Lausanne en 2006. Il est actif dans une multitude de projets allant de la variété au jazz contemporain. Musicien de studio, de radio et de live, il a collaboré entre autres avec les Moonraisers, Yann Lambiel ou Pascal Rinaldi.
Quant à John Scofield, il n’est plus à présenter, mais laissons le journaliste français Vincent Bessières l’évoquer avec justesse : « Guitariste majeur et très influent depuis plus de vingt ans dans le domaine du jazz, John Scofield incarne probablement plus qu’aucun autre, au travers d’une synthèse particulièrement aboutie et personnelle, l’étendue des styles que son instrument lui permet d’embrasser. De la sensibilité du blues à la sophistication harmonique du jazz, du plaisir du funk à la liberté de l’improvisation post-Coltrane, de l’énergie du rock aux virtuosités de la fusion, du swing de Wes Montgomery aux expérimentations électroniques, il couvre, dans un va-et-vient régulier entre l’acoustique et l’électrique, un très vaste champ de musique, avec sa guitare pour point de rayonnement et son immense bagage comme point de repère. Maîtrisant aussi bien effets et distorsions que les logiques chromatiques, John Scofield compte ainsi, comme Pat Metheny ou Bill Frisell, parmi ceux qui ont contribué à régénérer l’approche de la guitare par l’assimilation des innovations développées sur d’autres instruments dans le jazz et par l’intégration des spécificités apportées au leur par les courants de la musique populaire américaine qui lui sont postérieurs. »
Il fallait donc de sacrées pointures pour être à la hauteur du bonhomme. Ce fut le cas ce soir-là, grâce au talent et à la complicité des musiciens et à leur juste compréhension de la musique de Scofield. Car à première vue, les compositions du grand John n’ont (presque) l’air de rien, souvent binaires (« A Go Go, Peculiar, Chank, Do Like Eddie – en hommage à Eddie Harris -, Green Tea, Everybody’s Party ou Groovelation »), mais les harmonies et les césures rythmiques ne tolèrent aucun faux-pas. Crescenzio assure une basse irréprochable, Revilloud à la guitare endosse à merveille l’univers de Scofield en y ajoutant sa propre singularité, Althermath au sax a une présence et un son remarquable, tandis que Marc-Olivier Savoy à la batterie dose savamment son volume de jeu tout en exprimant une fine palette. Le programme fut habilement complété par des compositions des quatre musiciens et par « Lawns », un morceau signé Carla Bley. Un très bel hommage.
Gabriel Décoppet