Pas assez de worldmusic à Chorus ? Le seul concert du Patrick Bebey Amaya Jazz Band aura suffi à rassasier tous les amateurs. Ce 19 juin, en sortant de ce mémorable concert, on n’aurait pas été étonnés de se retrouver en pleine ville de Douala au Cameroun, où est né Patrick Bebey. Mais revenons au peuple pygmée, mis en exergue par le leader du groupe. Avec un charme incontestable, une voix au timbre séduisant et un inoxydable sens de l’humour et de l’ironie, Patrick Bebey affirme qu’avec leur flûte, les pygmées auraient inventé ni plus ni moins que le rock et le reggae, preuves musicales à l’appui. Vu la dimension de l’instrument dans les mains du musicien, ils auraient aussi très bien pu inventer le rouleau à pâtisserie miniature…
Mais trêve de plaisanteries. Derrière cette bonhomie assumée, le combo du pianiste, chanteur et multi-instrumentiste Patrick Bebey (Line Kruse au violon, Luiz Augusto Cavani à la batterie, le jeune Mathias Cavani à la basse électrique et Abraham Mansfaroll aux percussions) assure une exécution musicale maîtrisée de bout en bout. Les morceaux sont courts, les soli également, ce qui permet aux spectateurs attentifs d’être emmenés sur le chemin tracé par Bebey, tel un griot. Jazz, makossa et musiques brésiliennes rythment le concert avec bonheur.
Intelligence, humour, conscience, joie de vivre, vous ressortez de ce concert pétri de tous ces sentiments, somme toute profondément humains. Patrick Bebey est le digne fils de son père, Francis Bebey (1929-2001), qui fut poète, écrivain, chanteur, musicien, journaliste, visionnaire de la musique africaine, au même titre que Manu Dibango, Papa Wemba, Mory Kanté, et tant d’autres.
Et en guise de bis, quand Patrick reprend Agatha, le tube humoristique de son père, qui sème le doute sur la couleur d’un enfant qui vient de naître, que celui-ci soit noir, blanc, rouge ou vert, cela n’a finalement pas d’importance. L’essentiel, c’est la Vie. Une très belle leçon.
Gabriel Décoppet